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J’ai vu la mer se déchaîner, j’ai vu les arbres déracinés, drossés par les vagues à
la côte, s’échouer meurtris, j’ai vu la mer aussi lisse qu’un miroir, je l’ai vu jouer avec l’image du ciel
J’ai vu l’oiseau emporté par le vent, se battre contre les rafales, j’ai vu l’oiseau emporter des brindilles et tisser ave patience son nid, j’ai vu le renard chasser j’ai vu le renard ramener sa
proie pour nourrir sa famille, j’ai vu l’aigle voler ,j’ai vu l’aigle plonger comme une pierre venue du ciel, j’ai vu le feu prendre la broussaille et embraser les pins, j’ai vu la fumée s’envoler,
au-delà des frontières des hommes, j’ai vu l’herbe repousser et le peuple des fourmis nettoyer la terre, j’ai vu le soleil se lever et se coucher tant de fois, J’ai couru après la lune tant de
fois, j’ai vu les hommes s’agiter dans les villes, j’ai vu les hommes courir pour rattraper le temps, j’ai vu les hommes tuer les hommes et les hommes meurtrir la terre, j’ai vu le temps
passer et couler les rivières, j’ai vu gonfler les ruisseaux, j’ai vu les plaines submergées, j’ai vu tomber la neige et la pluie, puis j’ai vu le soleil briller à nouveau et j’ai compris…
J’ai compris que la vie était un grand livre ouvert, un livre écrit dans toutes les langues, un livre que même les nations qui ne connaissent pas l’écriture savent lire, et j’ai compris que ce
livre aux pages blanches était un livre d’amour, un livre sans début ni fin, un livre sans chapitres sinon celui des saisons, un livre écrit par moi, un livre écrit par toi, un livre où passé
présent et futur se conjuguent au même temps, au même moment, le livre d’une vie dans la vie, alors j’ai compris car derrière chaque mot, derrière chaque virgule, derrière chaque feuille, chaque
goutte de rosée, demeurait l’Unique, l’écrivain de la vie, l’éternel, rêvant, l’éternel rêveur, et ma prière est montée, Mitacuye Oyasin, nous sommes tous reliés, et j’ai ouvert les yeux et les
oiseaux qui passaient au loin se sont détournés, et les oiseaux sont venus se poser là, devant moi, sur l’eau…
Alors, j’ai pleuré, et la joie a coulé sur mes joues, et l’amour a coulé dans mes veines, le sang chaud de l’Universel a envahi mon corps, et chaque cellule de mon être s’est mise à vibrer.
Et j’ai compris le sens de l’amour et du pardon
Mitacuye Oyasin… Nous sommes tous reliés…
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